Mont Pico et ses nuages lenticulaires |
Ce tunnel de lave est le plus grand connu au Portugal, avec ses 5,2 km de long. Il fait également partie des 4 plus grand tunnels d'Europe. La Gruta das Torres a été créée au sein de coulées de lave, lors des éruptions successives du Cabeço Bravo, il y a 500 à 1500 ans. Ce volcan fait partie du complexe volcanique dit de "la Montagne" (Mont Pico). C'est la 3ème et dernière formation de l'île, datée à 200 000 ans. Ces tunnels de lave sont appelés Mistérios par les locaux, à cause des formations biologiques (bactéries et champignons) de couleur dorée ou argentée qui en tapissent les parois. Cette couleur est due aux reflets métalliques de l'eau sur ces tapis fongiques et/ou bactériens.
Comme le montre le schéma ci-contre, ces tunnels de lave se forment à la suite d'une coulée. En périphérie, la lave refroidit et se durcit, tandis que celle située au cœur continue de s'écouler. La diminution progressive du flux de lave amène à la création d'un vide au sein de la coulée et à l’apparition de différentes structures. Une fois les dernières coulées cristallisées, le tunnel devient accessible par des effondrements ou des ouvertures sur l’extérieur déjà présentes.
Entrée de la Gruta das Torres |
Plus loin, la grotte se divise en 3 tunnels : un tunnel principal et deux tunnels secondaires. Le tunnel principal se place dans la continuité de l'entrée de la grotte. Les laves Aa le constituant l'ont emprunté du fait de leur viscosité élevée les contraignant à s'écouler en ligne droite. Contrairement au tunnel principal, les tunnels secondaires sont formés de laves de type Pahoehoe. Ces coulées plus anciennes et de plus haute température possèdent une viscosité beaucoup plus faible. Leur écoulement était donc plus rapide (estimé à 2 km/h) et a été contraint par la morphologie des coulées précédentes. Elles ont ainsi recouvert l'ensemble des parois, formant des structures en forme de banc. Une cinquantaine de mètres plus loin, ces 3 tunnels se rejoignent. La suite du tunnel étant bloquée par un éboulement, nous n'avons pas pu explorer les 4 km restants...
A gauche : coulée fossilisée de lave Aa à gauche et Pahoehoe à droite ; au milieu : film biologique dorée ; à droite : coulée cristallisé en plein mouvement autour d'un obstacle |
Durant cette visite, nous avons pu observer de nombreuses formations typiques des tunnels de lave :
- Couche fine de lave au plafond : lorsque le débit de la coulée diminue, le niveau de lave descend mais une partie reste fixée au plafond et refroidit très rapidement. Ce refroidissement rapide donne un verre basaltique très lisse.
Roche effondrée du plafond à texture lisse |
- Stalactites de laves : ces structures se forment également lors de la descente du niveau de lave. Cependant, le refroidissement étant moins rapide, la lave constituant le plafond descendent légèrement par gravité tout en se solidifiant. Ces stalactites peuvent aussi apparaître après une refonte du plafond lors d'une nouvelle coulée.
Stalactites de laves |
- Explosion de bulle de gaz : ces structures sont marquées par de grandes cavités dans le plafond. Les gaz se concentrent dans le haut du tunnel, formant des bulles autour desquelles la lave refroidie s'effondre par le bas. Malheureusement, la plupart de ces belles structures sont détruites à chaque nouvelle coulée. Ici, on observe seulement la bulle la plus récente.
- Helmet breakdown : il s'agit de parties effondrées du plafond recouvertes par les coulées Paehoehoe postérieures à l'effondrement. Les débris ont ainsi été recouverts sans être refondus.
Bloc recouvert de laves |
Carte des grottes découverte à Furna Frei Matias |
MAIS la surprise est de taille ! En effet, nous découvrons pas moins de 4 tunnels en plein milieu des prés à vaches. Le plus impressionnant étant que chacun de ces tunnels présentent des structures différentes, malgré le fait qu'ils soient tous alignés le long d'un même axe NW-SE. Satisfaits de notre découverte, nous avons décidé de baptiser chacun d'entre eux.
- O Rio ("la rivière") est le plus haut sur la pente. Ce tunnel, en forme de couloir étroit avec un plafond bas, mesure plus de 50 m de long et présente de nombreux effondrements. La partie la plus intéressante étant la fin du tunnel, avec des structures de coulées sur plusieurs étages très bien préservées.
A gauche et au milieu : vue d'un tube d'alimentation ; à droite : couloir de lave prolongeant le tube d'alimentation |
- Cupula da Vaca ("le dôme de la vache") : celui-ci est situé sous un petit dôme d'une vingtaine de mètres de haut. Contrairement au Rio, sa forme est plutôt circulaire et le plafond est beaucoup plus haut (> 2 m). On y trouve en abondance les bactéries et champignons évoqués plus haut.
A gauche : structure de coulée de lave; au milieu : Squelette de vache ayant donné son nom à la grotte; à droite: Entrée de la Cupula da Vaca |
A gauche : tunnel de lave inférieur effondré ; au centre : plafond couvert de stalactites de lave ; à droite : tube d'alimentation de lave en bout de grotte |
- O Grande Salão ("le grand hall") : notre dernière découverte est sans doute la plus impressionnante. Ce tunnel est le plus long, le plus large et le plus haut de plafond parmi les quatre que nous avons explorés aujourd'hui. Les coulées Pahoehoe successives sont très clairement visibles, comme le montrent la photo ci-dessous. Le tunnel se termine par un effondrement. Cependant, il est possible de se faufiler entre les rochers pour accéder à une grande cavité où les niveaux de lave sont observables jusqu'à plus de 2 mètres de haut.
Coulées Pahoehoe successives suivant la morphologie du tunnel |
Au programme pour le lendemain : une marche sur la crête est de Pico, marais et lacs en vue !
Bonus : Visite du tunnel de lave de Gruta das Torres accompagné par le Dr. Pierre Sans Jofre |
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